Inflation et cours de l’or : deux valeurs historiquement interdépendantes

inflation et or

Neuf : c’est le nombre d’années où la France à pu enregistrer de la déflation depuis 1900. Toutes les autres années, l’inflation a poursuivi son chemin, parfois hors de contrôle, dans l’Hexagone et dans le monde.

Du même coup, pour peu qu’il dorme sur un livret d’épargne ou sous un matelas, le pouvoir d’achat des ménages diminue lentement, mais sûrement. Et pourtant, s’il y a bien une autre valeur (refuge) qui continue son ascension parallèlement à l’inflation, c’est bien l’or.  

Zoom sur une corrélation historique entre deux taux dont l’un appauvrit, quand l’autre protège !

Avertissement

Les informations fournies sont uniquement à but éducatif. Finclub ne propose pas de conseil en investissement ni de services de courtage. Nous ne recommandons pas d’acheter ni de vendre un actif ou produit d’investissement particulier.

Comprendre l’inflation

Qu’est-ce que l’inflation ?

Par définition, l’inflation désigne la perte en valeur d’une monnaie. Ce phénomène économique entraîne une augmentation générale et durable des prix, et par conséquent, une baisse du pouvoir d’achat.

Dans la pratique, l’inflation implique donc une hausse des prix à la consommation : pour le même montant, vous pourrez acheter moins, ce qui impacte les ménages dans leur quotidien.

En France, c’est l’Indice des prix à la consommation (IPC) mis à jour par l’INSEE qui permet de mesurer l’évolution de l’inflation. Cet indice prend en compte les prix d’un ensemble de produits et de services qui représentent au mieux la consommation du pays. 

En zone euro, c’est l’Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) qui est utilisé, là encore par l’INSEE. Ces deux indices sont mis à jour chaque année.

Bon à savoir : Vous pouvez passer par le simulateur d’indice personnalisé de l’INSEE pour calculer le poids de l’inflation sur votre propre train de vie. Il vous suffit de cliquer sur « votre indice personnalisé » afin de pondérer vos habitudes de consommation.

Les quatre causes de l’inflation

Dans l’Histoire, l’inflation a pu naître dans quatre contextes différents et parfois complémentaires :

  • L’inflation par les coûts. Lorsque les ressources (matières premières, main-d’œuvre) deviennent plus chères, les entreprises dépensent davantage. Pour se maintenir à flot, elles augmentent donc le prix de leurs biens et services, ce qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et crée de l’inflation.
  • L’inflation par la demande. Lorsque la demande est supérieure à l’offre, les entreprises dépensent davantage afin de capter une plus large part de marché. Après quelque temps et si la demande reste stable, ces investissements sont rentabilisés par l’augmentation des marges que génèrent les entreprises.
  • L’inflation par la masse monétaire. Décision prise par les banques centrales, la création de monnaie engendrerait, selon le courant monétariste, de l’inflation. L’idée est simple : la valeur est diluée par l’émission massive de devises. C’est là un point majeur de divergence entre la monnaie fiduciaire et l’or, dont les quantités sont restreintes. Contrairement à la monnaie, une telle valeur refuge est ainsi protégée par sa rareté.
  • L’inflation par l’importation. La valeur d’une devise n’a de sens que par rapport à une autre. Ainsi, si une monnaie est dévaluée par rapport à une devise majeure (dollar, yen, euro, livre sterling), toute importation depuis ces pays reviendra plus chère, synonyme d’inflation.

Les conséquences de l’inflation

Bien qu’à première vue, on puisse croire que l’inflation représente un fléau pour l’économie des ménages, les choses ne sont pas si évidentes.

En réalité, une inflation maîtrisée et modérée présente surtout des avantages :

  • L’érosion progressive du pouvoir d’achat pousse les ménages à investir leur argent afin de gagner plus qu’ils ne perdent avec l’inflation.
  • Les entreprises sont rassurées par la stabilité de l’inflation, ce qui leur permet de lancer des plans d’investissement et de se développer à moyen terme.
  • Les taux d’intérêt restent assez faibles, ce qui encourage également les ménages à emprunter.

Bon à savoir : Si le rendement d’un placement peut être mesuré en taux d’intérêt «nominal», on parle de taux d’intérêt «réel» lorsqu’on retranche l’inflation à ce dernier. Avec une inflation de 2%, un placement qui rapporte 3% aura un taux d’intérêt réel de seulement 1% (3% – 2%).

Ainsi, l’inflation participe indirectement à la croissance économique, et ce, sous tous les angles de l’économie ! 

On peut citer par exemple :

  • les cas classiques d’inflation par la demande, qui témoignent en général d’une remise à flot de la santé financière des entreprises ;
  • le recours à l’inflation importée afin de réguler une situation de déflation (voir le cas de la décennie perdue du Japon) ;
  • le recours à l’inflation monétaire par les Banques centrales afin de financer le déficit public.

La Banque centrale européenne (BCE) affiche un objectif proche des 2% d’inflation annuelle. Toutefois, celle-ci atteignait déjà 3% en 2021. Et c’est justement lorsque l’inflation échappe au contrôle des institutions financières qu’apparaissent les dangers économiques.

Ce fut par exemple le cas lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979, où l’inflation annuelle a pu atteindre des records dans le monde, notamment aux États-Unis. Durant la même période, le cours de l’or jouissait d’une croissance rare.

Dans les pires situations, une inflation hors de contrôle peut se transformer en hyperinflation, où la monnaie subit une perte de valeur d’un jour sur l’autre (voire d’une heure sur l’autre). Appauvrissement des populations, perte de compétitivité et même retour au troc… Comme ce fut le cas avec l’hyperinflation au Venezuela ou dans l’Allemagne d’après-guerre.

Or et inflation : une étroite connexion historique

Histoire de l’Inflation en France et aux États-Unis

Si aujourd’hui en France, vous souhaitiez acheter une baguette de pain qui coûtait un ancien franc en 1901… Il vous faudrait environ 2 600 anciens francs ! De quoi se rendre compte de la perte de valeur colossale due à l’inflation cumulée depuis plus d’un siècle…

Autres événements notables qui ont impacté l’Hexagone, les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Durant la décennie allant de 1973 à 1983, jamais le taux d’inflation annuel n’a pu descendre en deçà des 9,1%. Aux États-Unis, l’inflation atteint un premier pic à 12,34% en 1974 avant de battre ce record en 1979 avec 13,29% d’inflation.

Cours historique de l’or en France et aux États-Unis

Dans le même temps, l’once d’or est valorisée à 850$ (janvier 1980), après un premier sursaut lors du premier choc pétrolier proche du seuil psychologique des 200$.

Avant cela, en 1971, prenaient fin les accords de Bretton Woods qui assuraient la convertibilité du dollar en or. Dès lors, le métal jaune ne pâtit plus des faiblesses du dollar américain : sa valeur s’envole et ne semble plus vouloir redescendre depuis.

À partir du début des années 2000 et après une fin de 20ème siècle plus calme, le métal jaune reprend des couleurs en réponse à la crise immobilière (ou crise des subprimes) pour tutoyer les 1 800$ l’once en octobre 2012. Un nouveau plus haut est atteint le jeudi 6 août 2020, avec une once d’or vendue à 2062,15$.

Investir dans l’or ou dans la monnaie fiduciaire : un choix évident face à l’inflation

Concrètement, si vous aviez reçu un billet de 20 dollars américains en 1922 (ce qui était alors une belle somme), vous auriez eu trois options :

  • le conserver chez vous et laisser l’inflation éroder sa valeur progressivement, auquel cas vous auriez encore votre billet de 20$ aujourd’hui, mais avec un pouvoir d’achat bien affaibli ;
  • le placer sur un compte en banque pour tenter de vous protéger tant bien que mal de l’inflation via un livret d’épargne, auquel cas votre billet vaudrait aujourd’hui 338$ ;
  • l’utiliser pour investir dans l’or. Selon l’évolution du cours de l’once d’or, vous seriez aujourd’hui en possession de 1 862$ (sans compter les primes) !

En d’autres termes, sur 100 ans, la hausse du cours de l’or a surpassé six fois la valeur de l’inflation, et ce, avec la réputation d’être une valeur refuge et donc à très faible risque, en comparaison avec la plupart des actifs sur les marchés financiers.

Si l’or prend parfois l’étiquette d’un placement alternatif, il est intéressant de se demander : à quoi le métal jaune sert-il d’alternative ? Réponse : à l’ensemble des investissements en monnaie fiduciaire. 

Bon à savoir : Fiduciaire provient du latin « fiducia » qui signifie confiance. Quand les ménages perdent cette même confiance en leur monnaie, l’or demeure la première alternative de placement.

Or et inflation : deux valeurs qui explosent aujourd’hui

L’inflation aujourd’hui

Après une année 2020 à seulement 1,4%, l’inflation états-unienne bondit à 6,1% en janvier 2022, soit un plus haut depuis 1990.

Aux États-Unis comme en Europe, les injections de liquidités massives décidées par la politique monétaire des banques centrales se payent (inflation par création monétaire) : soutenir l’économie aujourd’hui n’est pas sans conséquences pour le lendemain.

En février 2022, la France enregistre quant à elle une inflation annuelle glissante de 3,6% ; désormais bien loin des 2% plébiscités par la BCE. Face à cet effondrement de la monnaie, le rendement de la plupart des placements d’épargne reste insuffisant et laisse un taux réel négatif.

Bon à savoir : Il est important de noter des disparités au sein de cette inflation. En France, si le coût de l’énergie et des denrées alimentaires explose, le prix des loisirs, de la santé et de la communication quant à lui progresse bien plus lentement.

Sur le long terme, l’inflation n’a fait que progresser, tout comme le cours de l’or. Malgré quelques brèves rémissions, la tendance semble claire. Entre chocs pétroliers et crises économiques d’hier, et crise sanitaire ou conflits armés d’aujourd’hui, l’Histoire n’a jamais manqué de fournir aux ménages des contextes d’incertitude économique.

Si l’or papier est lui aussi à la mode, l’expérience nous apprend qu’il est toujours plus judicieux de se tourner vers le concret. Avec 190 000 tonnes extraites à ce jour, on estime à 50 000 tonnes le volume de production d’or restant. Une rareté qui valorise plus que jamais l’or physique, dont les propriétés restent convoitées par l’industrie.

author
Michaël Marrot

Diplômé du Master Grande École de l’INSEEC Business School et rédacteur spécialisé chez Syntax Finance, Michaël compte à son actif plus d’une centaine de contenus éducatifs rédigés pour les médias NewTrading.fr et Finclub.fr sur les thématiques : bourse, immobilier et cryptomonnaies.

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15 novembre 2022 • 5 minutes