Faut-il investir dans l’Action Atos en 2025 ?

Atos est l’une des sociétés qui enregistrent les pires performances sur Euronext Paris ces dernières années. Si le géant informatique occupait une place dans le CAC 40 jusqu’en septembre 2021, il en est aujourd’hui très loin. Sa capitalisation boursière n’est plus que de 730 millions d’euros à la mi-mars 2025.
Acheter des actions Atos pour quelques centimes en pariant sur un redressement de la société peut-il être intéressant ? Nous vous proposons une analyse de sa situation, à travers son historique, ses performances financières, ses perspectives et ses dirigeants.
L’essentiel
Le cours de l’action Atos chute de 75 € en janvier 2021, à moins d’un centime en mars 2025.
La société a accumulé 7,4 milliards d’euros de perte entre 2021 et 2023.
Le plan de sauvegarde mis en œuvre en fin d’année 2024 organise l’entrée au capital d’un collectif de créanciers. Cette opération permet à la firme de réduire son endettement net de 3,5 millions d’euros.
Les informations fournies sont uniquement à but éducatif. Finclub ne propose pas de conseil en investissement ni de services de courtage. Nous ne recommandons pas d’acheter ni de vendre un actif ou produit d’investissement particulier.
Présentation d’Atos
Caractéristiques de l’action Atos (ATO)
Code ISIN | FR0000051732 |
Indice | SBF 120 |
Marché | Euronext Paris |
Secteur d’activité | Services et conseils en informatique |
Capitalisation (13 mars 2025) | 734 M€ |
PER 2024 | 0,08x |
Rendement 2024 | 0 % |
Éligibilité au PEA | ✅ |
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Action Atos : historique du cours sur 5 ans
Le graphique suivant montre l’évolution du cours d’Atos depuis mars 2020. On observe une chute progressive de la valeur boursière de la société depuis le début de l’année 2021.
L’action Atos connaît des hauts et des bas en 2020, son cours fluctuant entre 50 € et 80 €. On observe ensuite un décrochage net dès le début de l’année 2021.
Cette situation s’explique tout d’abord par le projet de rachat du groupe américain DXC, mal perçu par le marché. La firme enregistre par ailleurs un déficit de 3 milliards d’euros pour son exercice 2020.
Puis, elle annonce un projet de scission en juin 2022, qui inquiète les salariés comme les actionnaires. Atos perd ainsi 65 % de sa valeur boursière entre début janvier 2021 et juin 2022. Le prix de l’action semble se maintenir autour des 10 €, avant de reprendre sa chute à l’été 2023. La société publie des résultats semestriels décevants, et enregistre finalement une nouvelle perte de 3,4 milliards d’euros sur l’année.
Depuis, l’action du géant technologique continue de se dévaluer, traduisant un véritable déficit de confiance des investisseurs. Elle coûte aujourd’hui moins d’un centime d’euro, sa valeur ayant été divisée par plus de 10 000 en quelques années.
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Tout investissement comporte des risques de perte en capital
Atos : Informations clés
Brève histoire d’Atos
La société naît, en 1997, de la fusion de deux entreprises de services informatiques, Axime et Sligos.
Elle connaît un développement accéléré dès le début des années 2000, jusqu’à s’imposer comme l’un des leaders mondiaux de la transformation numérique. Elle devient, par exemple, le partenaire informatique du Comité International Olympique (CIO) en 2002.
Elle fait alors figure de fleuron français et européen, face aux géants technologiques américains. En 2017, elle entre d’ailleurs son entrée au CAC 40.
Atos déploie ses activités dans le domaine du cloud, de la gestion des données, ou encore de la cybersécurité. La firme investit également dans le développement d’applications d’intelligence artificielle destinées au secteur de la finance.
Sa dynamique se brise rapidement après la démission du directeur général Thierry Breton, en octobre 2019. Une réorganisation ratée, le départ de cadres et des choix stratégiques incompris conduisent à un effondrement des performances financières d’Atos.
Le 15 octobre 2024, un plan de sauvegarde accéléré est arrêté pour permettre à la société de survivre. Il prévoit notamment la conversion de 2,9 milliards d’euros de dettes en capital. Dans le même temps, l’État français se positionne pour le rachat de l’activité de supercalculateurs d’Atos, considérée comme sensible.
Direction d’Atos
Thierry Breton pilote l’entreprise pendant 10 ans, jusqu’en 2019 et son départ pour la Commission européenne. Atos connaît depuis une valse de ses directeurs généraux, induite par des performances décevantes.
Depuis février 2025, ce poste est occupé par Philippe Salle, qui administrait auparavant le groupe Foncia. Il est chargé de conduire le redressement d’Atos, au terme de la période de restructuration financière. La composition de la nouvelle équipe de direction doit encore être précisée.
Le conseil d’administration de la société compte par ailleurs 11 membres. Il est aussi présidé par Philippe Salle depuis octobre 2024.
Actionnaires principaux d’Atos
La composition de l’actionnariat d’Atos est en pleine évolution depuis plusieurs mois. Les projets de rachat conduits notamment par Daniel Kretinsky et la société Onepoint ont échoué. Dans le même temps, certaines hypothèses évoquaient une possible nationalisation de l’entreprise.
Le plan de sauvegarde validé en octobre 2024 prévoit finalement l’entrée d’un collectif de créanciers au capital d’Atos. Une augmentation de capital de 233 millions d’euros est ainsi consentie en décembre, représentant près de 90 % des titres de la société. [1]
Il faudra probablement attendre quelque temps pour pouvoir dresser une cartographie durable de l’actionnariat de l’entreprise.
Données fondamentales et ratios financiers d’Atos
Le tableau suivant présente les données financières à connaître si vous voulez acheter l’action Atos, et parier sur le redressement de l’ex-fleuron technologique français.
2021 | 2022 | 2023 | 2024 | |
---|---|---|---|---|
Chiffre d’affaires* | 10 839 | 11 341 | 10 693 | 9 577 |
Résultat d’exploitation* (EBIT) | 383 | 356 | 467 | 199 |
Résultat net* | -2 962 | -1 012 | -3 441 | 248 |
Endettement net* | 1 226 | 1 450 | 2 230 | 1 238 |
Rentabilité des fonds propres (ROE) | -3,81% | -0,68% | 3,79% | -4,70% |
Bénéfice net par action (BNPA) | -27,03 € | -9,14 € | -31,04 € | 0,03 € |
Price earnings ratio (PER) | -1,38x | -0,99x | -0,23x | 0,08x |
Dividendes par action | 0 | 0 | 0 | 0 |
Taux de rendement | 0 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Les résultats d’Atos
On observe que le chiffre d’affaires d’Atos n’enregistre pas de variation significative entre 2021 et 2023. S’il demeure stable, les résultats de la société sont en chute libre, puisqu’elle accumule plus de 7 milliards de pertes sur ces trois exercices.
Le déficit 2021 provient essentiellement de dépréciations d’actifs (2,4 milliards d’euros). La firme subit aussi une baisse de sa marge opérationnelle, qui résulte d’une augmentation de ses coûts.
En 2023, elle enregistre de nouvelles dépréciations, à hauteur de 2,5 milliards d’euros. L’entreprise doit par ailleurs supporter un surplus de charges lié au projet de restructuration et elle voit son endettement net croître.
Elle redevient bénéficiaire en 2024, mais son chiffre d’affaires est en baisse (-10 %). Cette perte de vitesse s’explique par un ralentissement du marché aux États-Unis et en Europe, mais aussi par des résiliations de contrats en cours. [2]
Dans le même temps, le plan de restructuration financière a permis de réduire significativement l’endettement du groupe.
La politique de dividendes d’Atos
Le dernier dividende versé par Atos remonte à 2020. Dès l’année suivante, la société enregistre des déficits conséquents.
Au terme de l’exercice 2023, ses capitaux propres n’étaient plus que de 60 millions d’euros, contre 7 milliards d’euros en 2019. Quant à son endettement net, il atteint 1,2 milliard d’euros au 31/12/2024. Il est donc peu probable que l’entreprise puisse distribuer ses prochains bénéfices.
Secteurs d’activité
La société opère par le biais de deux divisions.
Activités | Chiffre d’affaires 2024 | Part du chiffre d’affaires 2024 | |
---|---|---|---|
Eviden | Cloud et développement d’applications Supercalculateurs et cybersécurité | 4 604 Md € | 48 % |
Tech Foundations | Infrastructures informatiques et infogérance | 4 972 Md € | 52 % |
Le groupe projetait de céder les activités de Tech Foundations à l’été 2023. Cette opération n’a finalement pas abouti.
Par ailleurs, la répartition géographique des recettes d’Atos est la suivante en 2024.
Principaux concurrents d’Atos
Atos se place en cinquième position du classement des Entreprises de Services du Numérique (ESN) publié par Numeum et KPMG, en octobre 2024. [3] Il porte sur le marché français, pour l’année 2023.
Classement | Entreprise | Chiffre d’affaires France en millions d’euros |
---|---|---|
1 | Capgemini | 4 537 |
2 | Sopra Steria | 2 808 |
3 | Accenture | 2 745 |
4 | SCC France | 2 719 |
5 | Atos | 1 867 |
Selon une étude conduite par le cabinet spécialisé PAC [4] , Atos arrive par ailleurs en seconde position du marché de la cybersécurité en France. Orange Business se classe premier et Thales troisième, en 2023.
Action Atos : Forces et faiblesses
Le positionnement d’Atos
La société travaille toujours sur des missions d’envergure. Le CIO lui a confié par exemple la gestion de la cybersécurité des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Le secteur des solutions informatiques reste par ailleurs porteur, bien que de nombreux acteurs tentent de s’y faire une place. À titre d’exemple, PAC prévoit une croissance annuelle de 10 % du marché européen de la cybersécurité, à moyen terme. [5]
Les supercalculateurs, l’autre division prometteuse d’Atos, est en phase de cession à l’État français. Ainsi, le champ d’action du groupe est en cours de reconstruction. Il devra réussir à s’appuyer sur un nombre restreint d’activités pour retrouver une meilleure profitabilité.
La stratégie de développement d’Atos
Le groupe a achevé sa restructuration financière en fin d’année 2024. Philippe Salle doit désormais présenter ses nouvelles orientations stratégiques en mai 2025, pour tenter d’inverser la spirale négative dans laquelle la société est engagée.
Début mars, l’entreprise annonce son projet de regrouper ses actions à hauteur de 10 000 pour 1. Ce mécanisme a pour objectif de rendre son titre plus attractif, après la dilution subie à l’occasion de l’entrée des créanciers au capital. [6]
Investir dans l’action Atos : les risques
Le géant technologique français fait face à un endettement financier élevé. Sa pérennité dépendra grandement de sa capacité à faire face à ses échéances dans les années à venir.
La conversion de dettes en capital organisée par le plan de restructuration financière, a entraîné une dilution massive pour les anciens actionnaires. L’action Atos est devenue une « penny stock », avec une valorisation inférieure à un centime d’euro qui l’expose à une volatilité extrême.
Pour redresser la barre, Atos devra améliorer son taux de marge opérationnelle. Il n’est plus que de 2,1 % en 2024, en baisse de 2,3 points sur un an. À titre de comparaison, cet indicateur s’élevait à 9 % en 2020.
La firme doit enfin maintenir une capacité d’innovation suffisante pour ne pas prendre de retard sur ses concurrents. En effet, les différents marchés technologiques sur lesquels elle est implantée évoluent rapidement.
Comment acheter des actions Atos ?
Pour acheter une action Atos, commencez par ouvrir un compte de courtage. Étudiez différents critères pour choisir votre courtier en bourse : supports d’investissement proposés, frais, fonctionnalités de l’interface, etc.
Pour ce dernier critère, vous pouvez opter pour une plateforme web, une application mobile ou un logiciel.
Vous devez ensuite choisir l’enveloppe qui accueillera vos actifs. Pour y voir plus clair, découvrez nos sélections de PEA ou de comptes-titres. Une fois que vous aurez ouvert l’un de ces supports, vous pourrez passer un ordre de bourse pour acheter des actions Atos.
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Sources de l'article
Diplômé du Master Grande École de SKEMA Business School et d’un Master en Analyse financière internationale de la Faculté de finance, banque et comptabilité de Lille, Othmane a également passé avec succès le premier niveau du CFA en 2014. Passionné par le Trading et la bourse ayant eu l’occasion d’évoluer à ses débuts au sein du département Equity Research de Natixis, Othmane partage ses connaissances et son expertise en finance d’entreprise et finance de marché. Aujourd’hui Content Strategist pour l’agence Syntax Finance, Othmane accompagne les meilleures marques du secteur financier dans la conception, l’exécution et la réussite de leurs stratégies de contenus.